Ah qu'il est dur quand on se voit la
lourde tâche de chroniquer un remake. Le cassoulet est d'autant plus
lourd lorsque les consommateurs sont férus de la recette originale.
C'est donc sans vergogne que je m'attaque au massacre annoncé du
chef-d'oeuvre de Sam Raimi.
Pour réussir un bon film d'horreur, la
recette est simple. Tu crées des personnages clichés, à savoir :
un beau gosse, une blondasse, un hippie qui découvre un objet
cabalistique, une brune aux grosses loches avec des problèmes (la
drogue c'est mal, m'voyez), cette dernière étant la sœur du beau
gosse (on les verrait bien en couple d'ailleurs ces deux-là, mais
désolé, il n'y a que dans le Nord que la Saint-Valentin est un événement familial...cela dit, en Amérique aussi : rappelle-toi
Détour mortel), et enfin :
- ...bah putain les gars, il nous manque un personnage...
- Appelle le producteur..[bip]
- Ouais, mec, il nous faut un dernier héros...Fille ou garçon, on s'en bran...
- Fout un noir, sinon on va core avoir le conseil d'état sur le dos.
Bref, tout ce petit beau monde décide
de partir en vacance au chalet et, malheureusement, ils tombent sur
celui qu'il faut pas. Antoine Daniel était donc un visionnaire
(comprendront uniquement les geeks et le fameux "excepté une
fois..."). Déjà, la raison de base de ces petites vacances est
principalement d'aider la junkie (la sœur de Paul Walker version
brun, tu suis?). Seulement, le hippie descend à la cave et trouve
une sorte de livre démoniaque (par contre, le fait que le bazar soit
emballé dans du cellophane et scellé avec du fil barbelé ne lui
met pas la puce à l'oreille) dont il a la bonne idée de lire des
passages. A partir de ce moment, tout est foutu. Car, comme par
hasard, la junkie avait décidé de fuguer et se fait violer par un
démon (bel hommage à la scène d'origine d'ailleurs) et devient
elle-même...bah un démon. Malheur à tous ceux qu'elle mord, car
ils deviendront eux aussi possédés!
Bon, je me doute que tu connais déjà
le synopsis et, si t'es un minimum passionné, tu auras déjà vu
l'original. En premier lieu, je suis sûr que tu cherches à savoir
si j'aime le film de Sam Raimi, donc je ne te ferais pas languir plus
longtemps et OUI, j'aime ce vieux film tellement kitsch et exagéré
qu'il possède un charme bien à lui. Et voilà, on y est : comment
juger idéalement un remake?
Pour répondre à cette question, il
faut extrapoler le truc à ceci : Qu'est-ce qui fait un bon film
d'horreur? Est-ce l'angoisse? Les jump scares? L'ambiance?
L'histoire? Les acteurs? La production? Le contenu politico-social
des sous-entendus islamistes sous-jacents via une intrigue
ostensiblement national-socialiste?
Eh bien, comme je n'ai pas la science
infuse, je te répondrais que tant que tu ressens quelque chose,
c'est le principal. Une réponse somme toute succinte, voire bidon,
mais si ça te plait pas, retourne te palucher sur une énième
analyse métaphysique rédigée dans Première par un philosophe aux
multiples complexes freudiens.
Faut dire que j'ai su apprécier
grandement certains remakes. Massacre à la tronçonneuse/Au
commencement/Halloween. Et à chaque fois, c'était pour
ce côté : on actualise le truc à grand coup de gore, de
surenchère, sans tomber dans le commercial (bah oui, sinon faudrait
faire dans le grand public, soft et -10 ans) et, en général, je
trouvais les remakes aussi bons que les originaux tout en étant
ostensiblement différents. Et une fois de plus, Evil Dead ne déroge
pas à cette règle..mais en moins bien quand même.
Des effusions de sang, t'en as à tout
va, ça fait plaisir, c'est plus thrash que l'original et on sent que
les moyens du bord sont bien exploités. Seulement voilà : on perd
en charme, car pour moi, une des forces de l'original, c'est le côté
kitschissime assumé de ce genre de scènes (un peu comme le vieux
heavy metal français). Et du coup, sans me déranger outre mesure,
ça me fait douter malgré moi de mon intérêt pour la chose. Alors
comme j'ai dit plus haut, comme dans chaque remake de ce type, exit
l'ambiance malsaine au profit des effusions de sang, voire même des
jump scares ou de l'angoisse. Mais à ce moment-là, il faut se
demander si une ambiance bien cradingue ne rend pas justement le
bazar utilement angoissant (je ne sais pas si c'est très clair, mais
si tu me comprends, je te paye une bière). En tout cas, pour les
autres remakes précités, je n'ai pas eu à me poser ce genre de
question, tandis qu'ici, j'ai l'impression d'être sur scène dans la
peau de Gilbert Montagné.
Bon, après, sans être ivoirien, faut
tout de même admettre qu'il est vachement bien réalisé (putain
cette scène où la gonzesse s'ouvre la langue au cutter, ou encore
l'arrachage de bras sous la voiture...Il y en a tant d'autres!). En
fait, ce qui me fait pencher pour le bon côté de la balance, c'est
aussi toutes ces références à l'original, un peu comme si les mecs
assumaient totalement l'hommage à Sam Raimi plutôt que le côté
commercial du truc. Déjà, dès le départ, tu as le décor très
similaire à l’orignal, puis directement tu tombes sur le fameux banc
en bois devant le chalet (malgré le fait qu'il ne claque pas).
Enfin, la fameuse tronçonneuse putaiiiiiin!! Ça me fait plaiz ce
truc!!! Et enfin, le meilleur clin d’œil du film : la superbe
illustration rappelant l'affiche originale. Du coup, j'avoue avoir
été assez charmé.
Par contre, on ne saura jamais si c'est
un remake du premier ou du second film. En même temps, le second
volet est un peu un remake du premier, donc on serait en droit de
penser que la version 2013 est en fait un remake des deux premiers
opus en même temps.
Bon, je vais conclure là car je te
vois qui baille derrière ton écran!
En gros, c'est une réussite (malgré
mon côté ronchon, mais va falloir t'y faire car on est un peu comme
ça chez Bière Witch) quand on part du principe qu'un remake est
forcément à chier, mais dommage car l'ambiance et le côté kitsch
sont une fois de plus relégués au second plan au profit d'une
surenchère d'hémoglobine. Malgré tout, ça actualise le truc et
c'est franchement pas désagréable.
6/10
Franz
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