Il existe des brasseries où tu sais que, quoique tu
choisisses, tu es sûr de te taper de bons produits, le genre de bières qui te
monteront très vite à la tête et s’insinueront jusque dans ton foie sans pour
autant que ça ne te retourne l’estomac le lendemain matin. Prend la brasserie
Dubuisson par exemple, avec leurs magnifiques Bush et Cuvée des trolls. Eh
bien, dans le milieu de l’horreur, c’est un peu pareil. Il est question ici de
la brasserie James Wan et de sa petite gueule de bois Dead silence qui nous
captive et nous effraie à grands coups de pantins à te faire rentrer un géant
dans la partie anatomique la plus odorante d’une personne atteinte de nanisme.
A la base, avec Madame, on devait aller à l’avant-première
de Conjuring 2. Mais, printemps du cinéma oblige, la salle affiche complet…
Enfin…faute au printemps du cinéma mais pas que. Il s’agit surtout et
majoritairement de cette NOUVELLE GENERATION D’ADOLESCENTS PREPUBERES DE MERDE
qui ont juste vus Annabelle et ont une culture d’huître en terme de véritable
cinéma d’horreur, le genre de gars qui te snobent quand tu leur mentionnes Doug
Bradley et n’ont jamais voulu jeter un œil à Repulsion. Bref, moi et ma
sociabilité…Mais revenons-en à ce qui nous intéresse ici.
L’histoire ne perd pas de temps à se mettre en place. Le
film s’ouvre sur un couple qui a tout pour être heureux. Le mec, trop content
de se taper sa nana ce soir, décide d’aller chercher de la bouffe thaï (ou
chinoise…Bref, un truc à emporter), quand il se met à dracher comme Brigitte
Lahaye dans un vieux boulard. Et là, le mec aurait dû se douter qu’il y aurait
aiguille sous bosche. Je ne te l’ai pas précisé, mais le couple a reçu un
pantin de ventriloque prénommé Billie juste avant. A peine arrivé chez lui, la
bouche en cœur et l’organe métamorphosé en Findus, il retrouve le corps de sa
femme inanimé, avec une gueule plutôt bizarre.
Alors ce qui est bien chez James Wan, c’est qu’en général,
le film te happe dès les premières minutes, et il n’attend pas la moitié du
bazar pour t’obliger à recroqueviller tes baloches comme deux vulgaires
pruneaux d’eunuque. J’en veux pour preuve cette première scène angoissante à
souhait.
De son côté, le mec un peu tristoune quand même, décide de
mener lui-même l’enquête. Bah oui, parce que les flics le croient pas (surtout
l’inspecteur sûrement complexé par sa toison pubienne) mais le relâche quand
même, faute de preuves. Très vite, il se rend compte qu’il y a un rapport
certain avec Mary Shaw, une ventriloque qui n’avait pas d’enfants et qui
considérait ses 101 pantins comme ses petits protégés. Un peu glauque donc,
mais attend de voir la scène en flash-back de son spectacle où un enfoiré de
chiard rouquin se fout de sa gueule et disparaît juste après. Arrrrgh, moi
j’adore, déjà parce que l’ambiance est totalement horrifiante (montre ça à
tonton et observe ses cheveux se dresser sur son crâne luisant) et aussi parce qu’on
n’attend pas la fin du film pour comprendre comment tout a commencé.
Pour le coup, je trouve vraiment que la filmo du Sieur Wan
est juste parfaite, rétrospectivement. Bon, je passe volontiers sous silence
l’égarement que fut Fast and furious 7, on lui pardonne tellement le reste
relève de l’Horrorgy.
Ça doit bien faire la quatrième ou cinquième fois que je
vois Dead Silence depuis sa sortie en 2007 et, même si les jump-scares sont
plus trop de la partie après autant de visionnages, il n’en demeure pas moins
que beaucoup de scènes te foutent une angoisse simplement parfaite !
Attends, me dit pas que la scène dans les fondations des pompes funèbres t’as
pas donné envie de lâcher un petit pet foireux ? Ou alors celle du théâtre ?
Du motel ? Rajoute à ça l’entièreté des sons qui ralentissent dans un
fade-out démoniaque jusqu’au silence complet à chaque fois que Mary Shaw va
sévir, le tout sur fond de comptine à la manière d’un Freddy ou façon légende
urbaine et tu obtiens une façon parfaite de raconter l’histoire.
Du coup, c’est toujours un plaisir de découvrir ou redécouvrir
un film du gaillard qui nous fait vraiment un sans-faute. De Saw à Insidious en
passant par ce Dead Silence ou Conjuring, pour moi, rien à jeter. On tient là
un super renouveau du cinéma horrifique qui sait parfaitement s’adapter aux
nouveaux moyens sans que ce soit au détriment de la qualité de l’histoire. Car
oui, on tient là encore un bijou scénaristique avec un twist final vraiment,
mais alors vraiment bien bien FAT !
Quelle joie, quelle joie, quelle joie !
Après coup, je me rends compte aussi d’un truc vraiment cool
dans ce Dead Silence et c’est l’absence de gore. Comme si le mec avait décidé
qu’après, il voulait se démarquer et qu’on ne l’assimile pas à un simple
réalisateur de torture movies comme ce qu’il a pu montrer avec Saw. Ou alors
pour prouver aussi qu’il savait maîtriser la frayeur sur grand écran. Eh bien
pari réussi monsieur Wan ! Et on aurait bien aimé que ce film dure un peu
plus longtemps, mais c’est peut-être ça finalement la recette de son talent :
ne pas combler les faiblesses scénaristiques comme un gangbang interracial.
8/10
Franz
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